Avez-vous déjà remarqué comme il est parfois plus simple de détourner le regard que d’affronter certaines vérités ? Ces instants où l’on s’abrite derrière des excuses, des rationalisations, ou l’espoir que les choses finiront par s’arranger seules. Nous l’avons tou·te·s fait à un moment ou un autre, et c’est une réponse profondément humaine. Ce mécanisme, nous l’appelons le déni. Il ne traduit ni un manque de force ni une absence de courage, mais bien une stratégie de protection face à ce qui nous semble insurmontable. Et pourtant, à force de l’inviter dans nos vies, il peut devenir un mur qui nous coupe de notre évolution, de nos désirs profonds ou de notre paix intérieure.
Le déni fonctionne comme un filtre subtil. Nous colorons la réalité pour qu’elle devienne plus acceptable, nous construisons des récits pour éviter ce qui nous dérange. Combien de fois avons-nous pensé : “Ce n’est pas si grave”, “Ce n’est pas le bon moment”, ou encore “Je m’en occuperai plus tard” ? Ces mots nous offrent un répit, une illusion de confort, mais derrière eux, la vérité attend. Elle ne disparaît pas. Elle s’insinue dans nos pensées, parfois sous la forme d’un doute, d’une tension, ou d’une émotion que nous ne comprenons pas entièrement. Alors pourquoi est-il si difficile de lui faire face ? Peut-être parce que regarder en face ce que l’on fuit implique de faire bouger des choses en nous, de repenser notre manière de vivre, de réévaluer certaines certitudes. Et cela, admettons-le, demande un certain courage que parfois nous n’avons tout simplement pas.
Ce qui rend le déni particulièrement insidieux, c’est sa capacité à se fondre dans nos habitudes. Nous n’évitons pas toujours la vérité consciemment. Elle peut se cacher derrière nos distractions quotidiennes, dans nos tendances à procrastiner, ou encore dans des réactions émotionnelles qui semblent disproportionnées : une colère qui s’invite sans prévenir, une tristesse latente ou une anxiété diffuse. Ces signaux, bien qu’inconfortables, ne sont pas là pour nous accabler. Ils agissent comme des messagers. Ils nous poussent à nous poser des questions essentielles : « Qu’est-ce que je ne veux pas voir en ce moment ? Pourquoi est-ce que cette situation ou cette émotion me pèse autant ? »
Nous avons tou·te·s connu ces moments de lucidité où l’on sait, quelque part au fond de nous, que quelque chose demande notre attention. Parfois, ce n’est pas le bon moment, et c’est légitime. Il n’y a aucun mal à reculer temporairement devant une vérité trop douloureuse ou trop complexe. Mais si l’on persiste à l’ignorer, elle finit par trouver des moyens détournés pour se rappeler à nous. Le déni n’est pas un ennemi, mais il devient un poids si nous lui permettons de s’installer durablement.
Alors, comment avancer, sans se forcer, sans se brusquer ? Le premier pas, c’est d’apprendre à écouter. Non pas avec l’intention de tout résoudre immédiatement, mais simplement pour reconnaître ce qui se passe en nous. Que ressentons-nous face à cette situation que nous évitons ? Où, dans notre corps, dans nos pensées, cette résistance se manifeste-t-elle ? Cette écoute sincère, sans jugement, peut ouvrir une porte. Nommer une peur, une émotion, ou une difficulté permet parfois de briser le pouvoir qu’elle exerce sur nous. Et ce n’est pas un acte mineur : chaque reconnaissance, aussi simple soit-elle, marque le début d’un chemin.
Ensuite, il s’agit d’oser un pas, même minime. Cela peut être écrire ce qui nous traverse, confier nos pensées à une personne de confiance, ou simplement passer du temps avec ce que l’on ressent, sans chercher à le fuir. Le chemin hors du déni n’est pas une course, mais une suite de mouvements progressifs. Chacun d’entre eux nous rapproche d’une plus grande clarté, d’une plus grande liberté.
Le déni, finalement, n’est pas là pour nous nuire. Il nous montre nos zones d’ombre, là où nous avons encore à grandir, à comprendre, ou à nous accepter. Il nous indique les endroits où notre énergie est bloquée, et où nous pourrions trouver, avec un peu de courage, de nouvelles forces. Se poser une question simple peut suffire à amorcer cette transformation : « Et si regarder cette vérité me libérait plus qu’elle ne me blesse ? »
Aujourd’hui, je vous invite à un petit exercice : prenez dix minutes pour réfléchir à ce que vous pourriez fuir dans votre vie. Pas pour tout régler, pas pour juger, mais simplement pour observer avec bienveillance. Écrivez ce qui vous vient, même si cela semble flou. Restez curieux·se. Parfois, c’est dans ces instants de réflexion calme que des portes insoupçonnées commencent à s’entrouvrir.
Nous ne sommes pas censé·e·s tout affronter d’un coup. Nous avons le droit de prendre notre temps, d’avancer par étapes. Mais chaque pas, chaque moment où nous levons le voile du déni, nous rapproche d’une vie plus authentique, plus alignée avec qui nous sommes vraiment. Et si aujourd’hui, ce premier pas était simplement de reconnaître que ce chemin est possible ?
Alors, où nous mène cette vérité que nous n’osions pas regarder ? Et si, finalement, elle était la clé d’un nouveau départ ?
Avec amour et gratitude 🙏